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Le droit à l’avortement, l’étendard électoral gagnant des démocrates américains

Quel contraste ! Le 6 novembre, le New York Times publiait un sondage catastrophique pour Joe Biden en perspective de l’élection présidentielle de 2024. Le président y était nettement devancé par Donald Trump dans cinq des six Etats considérés comme incertains. Un mélange d’inquiétude et de fébrilité gagnait les rangs démocrates et la plupart des commentateurs.
Il a suffi de vingt-quatre heures pour que ces sentiments soient remplacés par une douce euphorie. Mardi 7 novembre était une journée électorale dans plusieurs Etats américains. Elle a apporté des nouvelles positives pour ces mêmes démocrates, les rassurant en particulier sur leur capacité à se mobiliser massivement, un élément que les sondages ignorent. Outre le rejet des outrances trumpistes, c’est l’avortement, une nouvelle fois, qui leur sert d’étendard.
Depuis la décision de la Cour suprême, en juin 2022, de supprimer l’interruption volontaire de grossesse comme droit constitutionnel, renvoyant la question à chaque Etat, les républicains ont été essorés à chaque scrutin où ce sujet est posé. Il a aussi joué un rôle important dans la déception des élections de mi-mandat, en novembre 2022, pour le Grand Old Party.
Mardi, les électeurs de l’Ohio devaient se prononcer sur deux thèmes : l’avortement et la marijuana. Ils ont opté pour la légalisation de la possession et de la vente de cette drogue douce, faisant de l’Etat le vingt-quatrième à suivre cette voie. Mais ils ont surtout décidé, par une majorité confortable, l’inscription de l’avortement comme droit dans la Constitution de l’Ohio. Une façon de protéger celui-ci contre les assauts de la droite religieuse.
Une nouvelle victoire remarquable pour les défenseurs des droits reproductifs, dans un Etat pourtant conservateur : elle envoie le signal clair que la colère n’est pas retombée chez les démocrates, mais aussi parmi les non-encartés et les indépendants, au sujet de la décision de la Cour suprême. D’autant que les républicains n’ont pas été capables d’adopter une stratégie de compromis sur cette question. La désignation, le 25 octobre, de Mike Johnson comme nouveau speaker de la Chambre des représentants est un indice guère rassurant sur ce point, au vu de son engagement très radical contre l’avortement.
Dans l’Ohio, comme lors d’autres référendums locaux perdus depuis un an et demi (Kansas, Montana…), les militants conservateurs et les élus républicains ont sciemment véhiculé des mensonges sur les conséquences d’un vote positif, en évoquant par exemple la perspective d’« avortements à la demande » à toutes les étapes de la grossesse. Dans d’autres Etats, comme l’Arizona, les défenseurs des droits reproductifs veulent tenter d’obtenir l’organisation de référendums similaires.
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